Le cinéaste mauricien Atman Ramchalaon, qui a produit un des premiers films documentaires sur Diego Garcia visionné dans plusieurs pays, soutient dans une communication adressée cette semaine au Mauricien que l'atoll de Diego Garcia dans l'archipel des Chagos est "un CIA blacksite, où il y a des camps de détention secrets". "Diego Garcia has become a clandestine CIA blacksite", dit-il, soulignant qu'il est grand temps que le gouvernement mauricien réclame Diego Garcia à la Grande-Bretagne en ayant recours à la Cour internationale de justice qui siège à La Haye aux Pays-Bas.
Établi à Amsterdam depuis plus de 30 ans, Atman Ramchalaon dit arriver à cette conclusion en se fondant sur les recherches effectuées en 2006 par le journaliste Stephen Rey, auteur de Ghost Plane, sur la présence de vols affrétés sur Diego Garcia. Selon lui, ces avions auraient été utilisés par la CIA pour des " restitutions " de prisonniers du Pakistan, de l'Afghanistan et de l'Irak vers Diego Garcia " for the so-called extraordinary rendition ". Les personnes soupçonnées d'actes terroristes, affirme-t-il, sont enlevés par l'agence américaine de renseignement et envoyés par avion dans des camps de détention secrets pour être torturés. Le général militaire américain Barry Mc Caffrey, ajoute-t-il, avait désigné Diego Garcia comme un de ses camps de détention gardés secrètement.
Notre compatriote indique aussi qu'un rapport publié par le Conseil de l'Europe - fondé en 1949 - a lui aussi confirmé la présence d'un centre de détention sur cette île de l'océan Indien tout en condamnant le gouvernement concerné. Il a par ailleurs rappelé que " extraordinary rendition in secret detention camps is a violation of Art. 3 of the United Nations Convention on torture ". Et de souligner que des organisations internationales telles La Croix Rouge, Human Rights Watch et autres ont déjà demandé l'autorisation d'accès à ces camps, plus particulièrement sur Diego Garcia qui, rappelle-t-il, est totalement isolée.
M. Ramchalaon est catégorique : la cession de Diego Garcia aux Anglais en 1965 - alors que Maurice était toujours une colonie - en échange de l'Indépendance est " illégale ". Le démembrement, rappelle-t-il, était le résultat d'un deal entre les Américains et les Anglais portant sur la production des missiles Polaris aux États-Unis et leur achat par la Grande-Bretagne. C'est ainsi qu'à la suite d'un décret, le gouvernement britannique a cédé Diego Garcia et les Seychelles pour constituer une nouvelle colonie sous l'appellation British Territories of the Indian Ocean (BIOT). Cette action est une violation de la Résolution 1514 des Nations unies, estime notre compatriote.
D'ailleurs, poursuit M. Ramchalaon, le 14 décembre 1960, l'Assemblée générale des Nations unies avait condamné tout pays qui a cédé les territoires d'un autre État qui n'a pas encore obtenu son indépendance. Ce qui était justement le cas pour Maurice avec la cession de l'archipel des Chagos qui comprend principalement Peros Banhos, Salomon et surtout Diego Garcia qui était habité. Selon M. Ramchalaon, les Anglais et les Américains se contentent de circuler à l'intention de la communauté internationale des rumeurs selon lesquelles les habitants qui se trouvaient sur Chagos étaient des laboureurs qui prêtaient leur main-d'oeuvre à titre temporaire. D'où sa conviction que cette transaction entre Anglais et Américains aux dépens de la souveraineté territoriale de Maurice est " totalement scandaleuse ". " Scandaleux également les droits humains des Chagossiens qui sont piétinés d'année en année depuis 45 ans ! " dit-il.
Source:
Le Mauricien
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